donnez-leur vous-mêmes à manger

La Moldavie, une république en souffrance

Louis et Marie-Thérèse Pelzer ont effectué leur premier voyage en République de Moldavie courant septembre. Les besoins y sont grands, tant au plan spirituel que matériel. Ils nous donnent, ci-après, leur rapport de quelques-uns de leurs contacts.

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Petit pays indépendant de l’ex-Union Soviétique depuis 1991, la Moldavie compte 4,5 millions d’habitants ; 1,5 millions d’entre eux sont contraints d’aller travailler à l’étranger comme main-d’œuvre à bon marché (Roumanie, Russie, mais surtout Italie, Espagne et Portugal). Le peu d’argent gagné suffit à peine à nourrir les familles. Ces travailleurs laissent leurs enfants aux grand-mères, qui ne savent comment en prendre soin, d’où le nombre très important de délinquants, que les églises évangéliques s’efforcent d’accueillir.
D’une superficie de 33 843 km², enclavée entre l’Ukraine et la Roumanie, la République de Moldavie compte plusieurs ethnies : Roumains (60 %), Russes (15 %), Ukrainiens (14 %) et bien d’autres minorités. Il n’y a pas de langue moldave. Les langues les plus employées sont le roumain et le russe. La capitale Kichinev compte 655 000 habitants.
Depuis 1992, la situation économique s’est dramatiquement dégradée, dans une grande mesure à cause d’une guerre civile sanglante. On peut dire qu’aujourd’hui, la Moldavie est l’hospice de l’Europe. En moyenne, un retraité touche une pension mensuelle de 15 €.
Source principale des revenus : la vigne, quand il n’y a pas de destruction par le gel. Sinon, pratiquement rien.
Là, comme dans tous les pays de l’Est pauvres, les villages se meurent. Le travail se trouve essentiellement dans les grandes villes où les habitants se voient contraints de s’installer pour survivre. Les débrouillards pratiquent la vente et revente d’objets divers sur les trottoirs, d’autres s’expatrient.
Le but de notre voyage était de rencontrer des frères responsables d’églises évangéliques s’occupant de personnes en détresse.
Celles-ci ne manquent pas!

Forts dans la détresse

Tout d’abord, nous rendons visite à un frère en très grande difficulté, Vassili Kodrianu, 57 ans, veuf depuis 11 ans, père de 7 enfants, dont la moitié n’a pas de travail et survit sur les maigres rentrées d’argent des autres. Ancien missionnaire et visiteur de prisons, il ne peut plus quitter son logement dans la petite ville d’Orhey, au nord de Kichinev, car il n’a plus de jambes ! Son diabète a provoqué des thromboses. C’est ainsi qu’il a dû être amputé d’une jambe, puis de l’autre, et maintenant il devient aveugle. Il vit dans une maison vétuste, sans coin toilette ni chauffage, le plafond témoignant de sa détresse. La maison aurait besoin d’une rénovation urgente, mais il n’a pas d’argent pour cela.  Pourtant il ne perd pas courage. “Le Seigneur est vainqueur”, c’est ce qu’il a appris dans sa vie de croyant au service des autres.

De là, nous nous rendons chez le couple Dedechku. À l’âge de 14 ans, Dimitri trouve un obus sur un ancien terrain militaire. Sa manipulation lui sera fatale, l’explosion l’abîmera grandement, il perd ses 2 yeux. Quant à Viorica, son épouse, elle perd la vue à l’âge de 4 ans, à la suite d’une rougeole. Ils se sont connus et mariés en 1971.
Tous deux ont suivi une formation dans une école pour aveugles. Parallèlement aux matières scolaires habituelles, Dimitri a appris à réparer les instruments de musique.
Leurs yeux spirituels se sont ouverts en 1989. Vassili Kodrianu, cité plus haut, apporta à Dimitri les morceaux d’un accordéon, emballés dans une toile. Dimitri répara l’instrument en trois jours, à la suite de quoi ils eurent quelques entretiens. Vassili leur a expliqué l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. La nouvelle leur semblait incroyable.
Peu de temps après, le couple a entendu des chants merveilleux en marchant dans la rue. Ils ont osé s’approcher et sont entrés dans l’église. La parole entendue a créé la foi les conduisant à la repentance et au salut. Durant un certain temps, le couple fut actif dans l’église, mais leur santé vacillante leur pose des problèmes croissants. Leur situation financière est des plus précaires. Faute de pouvoir payer la facture du gaz, ils sont privés de chauffage. Pourtant les deux restent courageux. Viorica, portant de gros yeux en plastique, nous a lu un passage de l’évangile de Marc dans sa Bible en braille, puis, d’une voix magnifique, elle a interprété un cantique à la gloire du Seigneur, accompagnée par Dimitri à l’accordéon.

Visite à des groupes d’enfants

La plupart des jeunes abandonnent les villages après l’école, car ils n’y trouvent ni formation ni travail.
C’est la raison pour laquelle il nous faut soutenir à tous égards les églises qui ont à cœur de les enseigner, mais pas seulement sur le plan spirituel. Ils leur apprennent aussi les rudiments de métiers simples.

C’est ainsi que Maïa et Volodia SOBIN prennent à charge environ 130 enfants, qu’ils rassemblent dans le village de Baltsata.
Maïa est professeur de russe et s’occupe de l’école du dimanche. De plus, trois fois par semaine, ils leur donnent des cours gratuits de coupe et couture pour les filles, et de sculpture sur bois et de mécanique pour les garçons, le tout en leur fournissant un goûter et des fruits.
Coût : 100 € par mois. Encore faut-il les avoir !



Ils souhaiteraient acquérir un petite forêt de 600 m² pour y construire quelques baraques en dur, afin d’être plus efficace dans leurs activités.
Coût de cette location-vente : 550 € par an pendant 49 ans, le loyer ne pouvant pas être augmenté durant ce temps.







Nous visitons, très émus, un groupe d’enfants à Singerei (110 km de Kichinev). Il s’agit d’un centre d’accueil chrétien pour orphelins et enfants pauvres, que dirigent le couple Vassili et Dina KOSOVAN.
Vassili a monté une entreprise de menuiserie non loin de la maison de prière. Le peu de revenus que cela lui procure, est partagé avec sa famille et ces enfants nécessiteux.
Mais les fonds ne suffisent pas. 300 enfants sont rassemblés, sur un rayon de 40 km, chaque semaine pour l’école du dimanche au moyen de cars vétustes, fournis par la mission FriedensBote.
Coût de l’opération : 4 cars x 50 litres de fuel, plus 300 casse-croûtes, sans compter les réparations fréquentes des véhicules...

Parmi ces enfants orphelins ou pauvres, quatre sont là à cause de la folie de leur père.
La maman ayant décidé de se repentir de sa mauvaise vie pour se joindre à l’église, son mari la menaça de la tuer. Malgré cela, elle s’est rendue à la maison de prière avec ses enfants. De retour chez elle, l’homme l’a tuée devant les petits. Il se retrouve en prison, laissant quatre enfants sans ressources.
Un couple de l’église décide alors de les prendre à leur charge, malgré leurs difficultés personnelles. Pour faire face, le papa est obligé d’aller travailler en Russie, aucun travail n’étant proposé en Moldavie. La charge des enfants repose sur les épaules de la maman, ce qui ne l’empêche pas d’être très motivée pour la maisonnée, mais aussi pour s’occuper de l’école du dimanche.

Nous sommes impressionnés par la discipline et le respect que témoignent les enfants à l’école du dimanche. Pas de chahut malgré leur nombre, mais une écoute attentive de la parole. Ayant chanté en russe, en roumain et en allemand : “Lis ta Bible, prie chaque jour”, les enfants sont très heureux que nous le fassions aussi en français.
La grande majorité des enfants est issue de foyers non croyants, mais ils sont si heureux de se retrouver ensemble et de se sentir accueillis. Il faut souvent les vêtir et les chausser avec les moyens du bord. L’hiver, le chauffage est vraiment un très gros problème, comment joindre les deux bouts ?
Après l’école du dimanche, chaque enfant reçoit une tranche de pain garnie d’un peu de viande hachée. Nous y ajouterons une plaque de chocolat pour chacun.
Puis, c’est le retour en car… une forte odeur de fuel et de gaz d’échappement vous coupe la respiration !

Handicapé moteur et/ou mental

Comme dans tous les pays de l’Est, l’alcool est le fléau numéro un qui ravage des familles entières. Une grande partie des handicaps chez les enfants proviennent de ce vice.

Nous visitons plusieurs églises qui ont à cœur de les aider. Généralement ce sont d’anciens drogués ou alcooliques, libérés par la grâce de Dieu, qui sont le mieux disposés à porter secours à ces pauvres hères.

À Cahul, Dimitri KOROBCHEANU, paralysé des bras et des jambes, a fondé une association de handicapés mentaux et moteur, qui rassemble, deux fois par mois, 130 handicapés, dont 60% sont croyants. Le problème c’est qu’il faut les chercher sur un rayon important. Faute de moyens, certains ne peuvent venir que tous les trois mois ou pour les grandes fêtes. Le prédicateur, aveugle, est accordéoniste, jouant de l’harmonica et de la flûte pour accompagner les chants. Il prêche à partir de sa Bible en braille sur un passage du prophète Néhémie.



A Krasnoarméisk, ce qui signifie "armée rouge", se trouve une communauté chrétienne très très pauvre, ayant à cœur de recueillir quelques miséreux très handicapés, surtout mentaux, rejetés de la société sans aucun moyen de survie.
La municipalité a mis à la disposition des frères et sœurs un bâtiment d’école désaffecté, sans confort.

 

Là, avec consécration et abnégation, ils prennent soin à tour de rôle de nourrir, loger et blanchir une trentaine de personnes. Un couple d’agriculteurs chrétiens essaie de fournir un peu de nourriture, mais il y a vraiment nécessité de leur venir en aide.








Comme à chaque voyage, nous rentrons en France avec un lourd fardeau sur le cœur, mais avec la certitude que notre Dieu règne encore, jamais son amour ne s’endort, il a pourvu, il pourvoira encore.

Louis et Marie-Thérèse PELZER